Le rôle de l’interprofession
En rejoignant l’interprofession des vins du Languedoc, je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais. Je suis arrivé dans une équipe sans avoir vraiment cerné les enjeux d’une telle structure. Puis au fil du temps, j’ai appris certains rouages, on m’a donné certaines clés pour mieux appréhender ce mode de fonctionnement. Une interprofession a le devoir de mettre en avant les intérêts de ses vignobles. Quels qu’ils soient. Dis comme ça, on peut se dire qu’il s’agit d’un boulot assez simple. Toutefois, c’est plus compliqué qu’il n’y parait. Car promouvoir une région viticole entière est en réalité assez complexe.
Des intérêts individuels et politiques divergents
En fait, en ayant pour missions de promouvoir tout une région viticole, il faut faire très attention à la communication déployée. La principale difficulté réside dans le fait que nous devons promouvoir pas moins de 31 AOP différentes et quasi autant de vins classés en IGP. Mais il faut bien comprendre que les intérêts d’une AOP sont parfois radicalement différents d’une autre AOP. Il peut également arriver qu’au sein d’une même AOP des tensions existent entre les domaines.
Ainsi, pour prendre l’exemple des réseaux sociaux, lorsque l’on met en avant une photo, il faut faire attention qu’il ne s’agit pas d’une photo prise sur une appellation déjà citée ou mise en avant il y a peu de temps. Il faut s’assurer de la même chose pour les domaines : éviter de mettre en avant les mêmes domaines. Sans quoi des tensions peuvent apparaître. Et ce n’est pas toujours évident… En effet, certaines appellations ont des paysages qui font plus « rêver » que d’autres. Certains domaines sont très actifs et donc les mettre en avant plusieurs fois pourrait avoir du sens. Mais il faut garder à l’esprit que nous représentons les intérêts de l’ensemble des AOP et des IGP du Languedoc, et donc par extension de l’ensemble des domaines du Languedoc.
Il arrive également que les actions de communication soient contestées par les appellations, ou bien par quelques domaines. Il faut faire face à une critique constante et qui semble parfois injustifiée. De plus, certaines grandes décisions doivent être votées par des représentants. Et il est assez compliqué de mettre toutes les appellations d’accord entre elles, ce qui peut aussi faire trainer les choses dans le temps. Il peut également arriver que certaines décisions votées soient finalement remises en question. Récemment, nous avons changé notre plateforme de marque, avec la mise en place d’une nouvelle identité, d’une nouvelle communication, d’un nouveau wording. Étant donné que cela représente un grand changement et étant destiné à représenter les vins du Languedoc pour les prochaines années, il a fallu lancer une consultation et un vote pour adopter et acter ce changement. Votée et adoptée l’année dernière par les représentants, cette nouvelle plateforme de marque est aujourd’hui contestée par certains qui avaient pourtant voté pour à l’époque. Ce qui nous amène à faire quelques modifications de dernière minute afin de contenter tout le monde.
Cette communication est intéressante puisqu’au-delà de simples bouteilles de vins, le CIVL est chargé de promouvoir une région, un savoir-faire, une culture propre à sa région. Pour moi, il s’agit d’une expérience très intéressante. Mon objectif n’est pas de promouvoir un produit et de lancer une campagne de communication dans un but de rentabilité, mais bien de promouvoir une région entière. D’un point de vue personnel, c’est encore plus gratifiant. Et ce même s’il faut jongler avec les intérêts de chacun qui peuvent parfois nous compliquer la vie pour quelques enjeux politiques ou personnels pour lesquels nous n’avons rien à voir.
Sujet très intéressant et bien analysé avec une belle qualité de rédaction, il manque des passages mis en exergue et des visuels inspirants en lien avec ton sujet pour aller parfaitement au bout de l’exercice.